Intervention de Marc Grivel lors de la Commission permanente de la Métropole de Lyon, le lundi 31 mai 2021, sur le dossier 2021-0613 « Délégation des aides à la pierre de l’État »
Monsieur le Président, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Nous sommes saisis d’un projet de décision relatif à la délégation des aides à la pierre à la Métropole par l’État. En commission permanente du 22 février, je m’étais saisi du dossier sur les aides à la pierre 2020 pour le logement social pour vous exposer la vision de notre groupe Synergies sur ce sujet.
Permettez-moi donc de me saisir de ce rapport pour vous interroger une nouvelle fois sur votre vision de l’habitat, et plus largement du développement urbain de notre Métropole, alors que vous avez également lancé une ample modification du PLU-H.
Pour l’instant, nous n’avons pas de vision à 10 ou 20 ans du développement de notre Métropole, alors que l’on sait que la croissance démographique continue. Les sujets – habitat, urbanisme, mobilités, équipements… – sont abordés en silos. Pourtant la Métropole ne se découpe pas en tranches !
Nous aimerions comprendre comment vous comptez continuer à construire massivement du logement, tout en évitant la densification de l’habitat et l’étalement urbain, ce qui constitue deux objectifs que vous affichez ouvertement dans la consultation relative au PLU-H. Nous sommes face à une équation impossible. Et à force de vouloir faire tout et son contraire, on aboutit à des non-sens, avec un déport à l’extérieur de la Métropole des ménages qui ne trouvent plus à s’y loger, et des déplacements pendulaires qui s’accroissent, ce qui est parfaitement contradictoire avec nos objectifs collectifs pour le développement équilibré et durable de notre Métropole.
Il conviendrait d’avoir une vision globale et transversale du développement urbain de notre Métropole, étroitement articulée avec une vision de l’évolution des bassins de vie et d’emploi. Quelle est votre vision prospective en la matière ? Comment comptez-vous bâtir une Métropole multipolaire qui n’accroisse pas le phénomène de concentration des activités et des emplois dans le centre, avec un développement en couronnes dont on a bien vu toutes les externalités négatives, tant sur le plan social que sur le plan environnemental ? Pour l’heure, nous ne voyons qu’une volonté de continuer à privilégier le centre urbain, les quatre plus grosses villes… au détriment des villes moyennes qui sont laminées, alors qu’elles pourraient être des pôles d’activité et d’habitat pour équilibrer la métropole. Cette vision concentrique et en étoile du développement urbain n’a que trop duré.
En vérité, sans vision claire, on construit une Métropole aux pieds d’argile, minée de vulnérabilités, de nœuds de congestion, d’incohérences urbaines. Nous pourrions pourtant davantage planifier le développement métropolitain, pour répondre aux injonctions contradictoires qui sont devant nous.
Avec Synergies, nous défendons le modèle d’une Métropole qui s’articule, au-delà du centre Lyon-Villeurbanne, sur quelques pôles intermédiaires mixtes sur le plan fonctionnel, denses en activités et en emplois, qui mêlent habitat, activités économiques, offre de commerces et de loisirs, équipements publics et services de proximité, et qui soient bien desservies par des modes lourds de transport en commun.
Car tout se tient. Le développement à venir du réseau de mobilités, par exemple, ne peut se faire qu’en étroite articulation avec cette vision précise des polarités de demain. Les cartes ne doivent pas être regardées les unes à côtés des autres, mais les unes par-dessus les autres, si j’ose dire, en décalque. Le développement urbain, ce n’est pas de l’affichage, faire un transport par câble par ci, annoncer 5000 logements sociaux par an par-là, sans jamais dire où, quand et comment, sans jamais donner un cadre clair pour le moyen terme.
Alors, je me permets de vous reposer la question. Quelle est votre vision du développement urbain de notre Métropole ? Quelles sont les polarités sur lesquelles vous allez miser ? Comment allez-vous prévenir à la fois la surdensification et l’étalement urbain ?
Je vous remercie par avance pour votre réponse, que j’espère claire et argumentée.