Intervention de Marc Grivel lors de la Commission permanente de la Métropole de Lyon, le lundi 31 mai 2021, sur le dossier 2021-0549 « Lyon 2e, Lyon 5e – Pont Bonaparte – Travaux de réparation »
Monsieur le Président, Chers collègues,
Nous sommes saisis d’un projet de décision au sujet de travaux de réparation lourde sur le pont Bonaparte. Nous ne pouvons qu’y souscrire, tant c’est un ouvrage-clé dont l’état a de quoi inquiéter.
En commission déplacements voirie, en amont de cette commission permanente, Monsieur le Vice-Président Fabien Bagnon nous a annoncé qu’il nous dresserait lors de la prochaine commission thématique, en juin, un bilan détaillé sur l’état du patrimoine métropolitain en matière d’ouvrages d’art, notamment sur les infrastructures les plus sensibles et dégradées qui soulèvent des enjeux de sécurité.
Nous nous en sommes réjouis car nous demandons la transparence sur ces informations depuis janvier. Le groupe Synergies par la voix d’Éric Vergiat ainsi que le groupe Progressistes par la voix de Jean-Luc Da Passano vous avaient alerté par le biais de questions orales, lors du conseil de janvier, sur l’état particulièrement dégradé de certains de nos ouvrages d’art et avaient réclamé des précisions. La réponse du Vice-Président avait été pour le moins évasive.
Mais, surprise ! Cet état détaillé sur les ponts et passerelles est d’ores et déjà dressé dans la presse, avec un article très documenté de Lyon Capitale le 27 mai qui évoque des classifications, des détails sur les travaux à engager, des budgets et des calendriers. On en apprend plus en lisant Lyon Capitale qu’en assistant aux conseils et aux commissions ! Une nouvelle fois, vous faites donc passer les médias avant les élus métropolitains et les maires. Nous déplorons ces méthodes d’information et de communication qui posent un réel problème démocratique tant elles sont irrespectueuses à l’endroit des élus que nous sommes, opposition comme majorité.
Force est de constater quelques mois après nos alertes, avec la mise à sens unique du Pont de Vernaison et l’accident sur le pont de Rochetaillée/Couzon, que le mur de la réalité est là. Et rien ne sert de vous défausser sur les précédents exécutifs et les précédentes majorités. Sur ce sujet majeur, les manœuvres politiciennes et les clivages partisans devraient la mettre en sourdine.
Car comme vous le savez très bien, le précédent exécutif avait fait adopter un plan de surveillance des ouvrages d’art en octobre 2018, un budget avait été affecté aux travaux sur la passerelle de l’Île Barbe, et s’agissant du pont de Vernaison, une enveloppe de 10,75M€ avait été votée en janvier 2020 pour l’engagement de travaux conservatoires, ainsi que des études pour la construction d’un nouveau pont pérenne et celle d’un pont provisoire en cas de dégradation accélérée de l’ouvrage existant, qui semble malheureusement se confirmer. Il s’agit donc de s’inscrire dans cette continuité, et d’amplifier les efforts. Au bout d’un an de mandat, vous ne pouvez plus en permanence tenter dans un effet de manche de reporter la faute sur untel ou untel, il vous faut assumer vos responsabilités pleinement.
Quand on parle d’infrastructures de mobilité, de desserte de nos territoires, de fluidité des circulations, de sécurité des déplacements, il n’y a ni parti, ni étiquette, ni jeu de rôle majorité/opposition. C’est un sujet qui doit être pris à bras-le-corps de façon collective, dans une forme de consensus. Et il réclame que vous prévoyiez des budgets d’investissement. Des budgets importants, oui. Mais ils sont prioritaires sur beaucoup d’autres, nous semble-t-il.
Si on veut se réapproprier nos fleuves, il faut aussi pouvoir les traverser facilement et en toute sécurité, que l’on soit à pied, en vélo ou en voiture. Dans le cas contraire, le fleuve peut vite devenir une frontière qui entrave le maillage territorial entre les rives et nuit à l’équilibre de nos bassins de vie.
Dans le même esprit, je m’étonne du courrier du 29 avril de La Ville à Vélo, dont le Vice-Président Fabien Bagnon était encore récemment co-président. Dans ce courrier qui fait-suite à l’accident sur le pont de Couzon/Rochetaillée, ce collectif dont vous êtes proches réclame l’interdiction pérenne de la circulation automobile sur ce pont. Il faut être bien loin du terrain et des conditions de circulation en Val de Saône pour réclamer que la Métropole réserve le pont de Couzon/Rochetaillée aux modes doux. Car, les automobiles ne s’évaporant pas encore du jour au lendemain, on ne viendrait que reporter le trafic et accentuer la charge sur des ouvrages en amont et en aval, qui sont déjà saturés en heure de pointe et font aussi l’objet d’une classification préoccupante au titre de l’Image Qualité Ouvrages d’Art (IQOA).
Nous réclamons en ce qui nous concerne de longue date l’engagement de la construction d’une nouvelle passerelle modes doux entre Couzon et Rochetaillée, complémentaire à l’ouvrage routier existant qui doit être profondément rénové. Cette demande a une nouvelle fois été renouvelée par les maires du Val de Saône dans un courrier qui vous a été récemment adressé, Monsieur le Président.
La presse évoque un encorbellement du pont Couzon/Rochetaillée existant pour les vélos et les piétons, ce qui permettrait de maintenir le pont à double sens de circulation automobile, comme cela est prévu sur le pont de Neuville. Nous le confirmez-vous ?
On découvre dans Lyon Capitale – et vous corrigerez le montant si les journalistes l’ont mal transcrit –que vous dédiez une enveloppe de 21 millions d’euros à la rénovation ou à la reconstruction des ponts sur le mandat. Avec une enveloppe aussi réduite, laissez-moi vous dire que nous avons du souci à nous faire vu l’ampleur de la tâche qui est devant nous.
Avez-vous prévu une enveloppe supplémentaire pour mener à bien sur le territoire métropolitain l’ensemble des travaux de rénovation, de restructuration, de reconstruction de certains ouvrages de franchissement ou de construction de nouveaux ponts et passerelles ? Et quelles sont les échéances de ces différents travaux ?
Nous attendons des réponses précises et chiffrées de votre part. À minima que vous nous confirmiez les informations contenues dans l’article de Lyon Capitale, puisque visiblement Monsieur Bagnon trouve plus facilement les adresses e-mail des journalistes que les nôtres ou celles des maires.
Je vous remercie.