Les actualités

Quisque velit nisi, pretium ut lacinia in, elementum id enim.
Vestibulum ante ipsum primis in faucibus

Le télétravail doit être un gain en liberté, pas une contrainte nouvelle

26 avril 2021 | Actualités, Commission permanente | 0 commentaires

Intervention de Marc Grivel lors de la Commission permanente de la Métropole de Lyon, le lundi 26 avril 2021, sur le dossier 2021-0455 « Télétravail – Evolution des modalités de mise en oeuvre à la Métropole de Lyon »

Monsieur le Président, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,

J’interviens au nom du groupe Synergies sur ce rapport relatif au télétravail qui nous est soumis.

J’ai lu avec d’autant plus d’intérêt ce projet de décision que j’ai été chargé, sous le précédent mandat, d’enclencher la dynamique en faveur du télétravail. Je ne l’ai pas fait seul, mais grâce à une forte implication des syndicats que je tiens à saluer.

Depuis, la crise sanitaire est passée par là et le télétravail que nous avions rendu possible sur la base du volontariat est malheureusement souvent devenu une contrainte, pas toujours bien vécue.

Le télétravail est une évolution profonde de nos modes de vie et de notre rapport au travail, rendu possible par la digitalisation. Si nous y veillons, il peut être synonyme d’amélioration de la qualité de vie au travail, de réduction du stress et de la fatigue, de gain de temps de transport et de réduction de l’empreinte environnementale.

Nous devons donc accompagner cette évolution, s’appuyer sur la souplesse qu’elle apporte, tout en évitant les excès qui conduiraient à isoler les individus dans une société où le lien social est plus que jamais une impérieuse nécessité.

Nous devons capitaliser sur l’expérience contrainte et forcée que nous ont imposé les restrictions sanitaires lors des confinements.

D’ores et déjà, prenons bonne note qu’un télétravail qui s’appliquerait massivement et durablement les 5 jours de la semaine aurait des effets néfastes.

D’abord car le distanciel constant distend les liens professionnels mais aussi amicaux entre collègues. Le téléphone, les mails et la visio ne suffisent pas sur le long terme à créer du collectif et de la convivialité. Au contraire, ils peuvent génèrent des frustrations.

Le travail à la maison a aussi un impact massif sur l’organisation de la vie familiale qu’elle met parfois à l’épreuve. Il peut conduire à des situations compliquées, notamment lorsque l’espace de vie ne permet pas d’avoir un bureau ou un lieu dédié. Si on n’y prend pas garde, la frontière entre vie personnelle et vie professionnelle s’efface et leur articulation devient une gageure.

Les risques psychosociaux sont donc bien réels. C’est pourquoi le télétravail doit rester un gain en liberté, jamais devenir une contrainte.

Ensuite relevons que le télétravail systématique n’est pas sans impact sur le management. Le télétravail 5 jours par semaine favorise un management vertical caractérisé par « je pense, je décide, il exécute » que nous jugeons dépassé. Un type de management plus transversal, en mode projet, souhaité et souhaitable, requière des temps collectifs et réguliers en présentiel.

Cette organisation de crise où, pour tous les métiers pouvant s’exercer à distance, le télétravail est devenu systématique n’est donc pas souhaitable en temps normal.

Les conditions prévues par ce projet de décision, avec 2 jours télétravaillables maximum par semaine en temps normal, nous semblent donc adaptées. Nous pourrions aller jusqu’à 3 jours pour certains corps de métiers pour lesquels une telle organisation serait adaptée.

Le volet relatif à la prise en charge par l’employeur des coûts découlant directement de l’exercice du télétravail nous laisse par contre sur notre faim. Car, en vérité, rien n’est prévu, et la charge repose donc sur l’agent. Il faut accentuer l’effort sur l’équipement des salariés, et prévoir un système de compensation pour le coût induit par le travail à la maison, notamment en termes d’énergie, qui n’est pas toujours compensé par le gain sur le coût des déplacements. De récentes études ont chiffré ce coût pour le travailleur à 50 à 80€ par mois.

Nous restons également en alerte en ce qui concerne les modalités de contrôle et de comptabilisation du temps de travail. Il ne faudrait pas que la liberté d’organisation offerte par le télétravail soit contrecarrée par un carcan bureaucratique. Peut-être faudrait-il que nos règles évoluent encore, pour s’orienter vers un régime de confiance à l’endroit des agents et des cadres de notre collectivité. Le droit, notamment en matière d’assurances, peut représenter un obstacle. Mais il évolue, lui aussi.

Enfin, je crois qu’il faut s’astreindre à une exigence d’étroite association des instances représentatives et des organisations syndicales. Nous avions travaillé sereinement, main dans la main avec elles pour lancer le déploiement du télétravail sous le précédent mandat, je crois qu’il faut continuer à donner cette place centrale au dialogue social au sein de notre collectivité.

Dans la continuité, je crois que nous ne pouvons pas ne pas expérimenter la semaine de 4 jours.

Je vous remercie.

 

Pas d'événement actuellement programmé.